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TDS : Défi 2 Check !

T.D.S. … 3 lettres qui résonnent dans ma tête depuis 2 ans maintenant, 3 lettres qui m’accompagnent, me motivent, me guident dans mes entraînements, dans le choix de mes courses, 3 lettres qui sonnent en moi comme le motif d’une revanche! Après avoir abandonné à mi-course en 2014 sur les Traces des Ducs de Savoie, une des courses de l’UTMB, j’avais une furieuse envie de revenir achever le travail en parcourant les 120km et en gravissant les 7250m de dénivelé positif qu’elle propose.

C’est annoncé depuis 6 mois, à la suite du tirage au sort, je serai de retour à Chamonix au mois d’août pour retenter l’aventure TDS, c’est même l’un de mes 2 défis de l’année 2016 (après mon premier marathon sur route à Genève). J’ai alors planifier ma saison pour me donner un maximum de chances de réussir avec 4 mois de travail de vitesse en participant à des courses sur route, puis 4 autres mois à privilégier le dénivelé sur des trails parfois très difficiles. Même si les épreuves où je me suis aligné ne présentaient pas forcément de gros kilométrages, leur technicité et les formats choisis m’ont permis de me tester dans des conditions de course similaires à cette TDS. C’est donc plutôt confiant mais avec tout de même une certaine appréhension que je débarque à Cham‘ ce mardi 13 août.

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Sur place, je découvre l’arche, objectif ultime de ma présence ici et l’ambiance qui commence doucement à monter. Je me dirige au plus tôt vers la remise des dossards qui m’avait valu une belle attente sur la pluie ne 2014… Cette fois, ça défile assez vite, moins de 30 minutes pour récupérer le sésame! Puis direction le village UTMB pour faire le tour des marques, produits, dire bonjour aux ami(e)s de chez Julbo (Sophie, Lucie et Benjamin) et prendre des petites photos souvenirs, faire la rencontre de Laura de chez Altra qui coordonne les tests chaussures avec les blogueurs de la Runnopshère… Et puis j’y retrouve aussi Aurore et Baptiste, les expatriés canadiens de retour en France. Comme moi, Aurore avait échoué sur son OCC il y a 2 ans et revient motivée pour finir sa course.

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Je me promène ensuite un peu dans Chamonix pour manger puis je retourne à l’hôtel assez tôt car la nuit va être courte.

Le grand départ

Mercredi, 2h50 du matin, le réveil me sort du lit. Après une petite douche, je descends prendre le petit déjeuner que le personnel de l’hôtel à eu la gentillesse de préparer si tôt. Il faut dire qu’ils ont l’habitude, je ne suis pas le seul coureur. Puis c’est l’heure d’aller prendre la navette qui me conduira à Courmayer, en Italie, de l’autre côté du tunnel du Mont Blanc.

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Je me souviens l’an dernier : en arrivant sur place, on nous avait largué au palais des sport sans explications. J’avais attendu là un moment avant de comprendre que le départ n’était pas du tout au même endroit… Cette année, l’arrêt se fait au même endroit. J’entre tout de même dans la patinoire pour passer aux toilettes .Bien m’en a pris car j’y retrouve Philippe, l’ami des Lacets du Lizon. C’est sa première fois, alors je peux le guider un peu et pas question d’attendre ici, nous partons immédiatement vers la ligne de départ. Il fait encore nuit mais les premières lueurs du jour pointent leur nez. Il ne fait pas froid, pas besoin de trop se couvrir. Tous derniers préparatifs avant le départ au milieu de 1794 coureurs près à en découdre. A 6h, c’est parti, la troupe s’élance dans les rues de Courmayeur au milieu des nombreux supporters matinaux.

01 - Col Checrouit

Je sais à quoi m’attendre pour avoir déjà parcouru les 66 premiers kilomètres. Je ne m’affole donc pas, j’aimerais passer cette première montée dans de bonnes conditions et si possible, éviter les bouchons au col Chécrouit. Philippe s’est arrêté quelques secondes à la sortie de la ville mais me récupère assez facilement en milieu de côte avant de s’envoler. Je le trouve bien motivé, m’inquiète un peu de son départ pour moi rapide mais je ne le reverrai plus.

La face cachée du Mont Blanc

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Nous arrivons au premier point d’eau après 7km de montée, au Col Chécrouit. Jusque là, rien à signaler, tout va bien. Petite pause pipi, petite bagarre tellement il y a de monde pour obtenir une rondelle de citron sur les tables de ravitaillement et c’est reparti. Enfin, tout est relatif, nous sommes bloqués quelques mètres plus loin, là où l’autoroute se transforme en single… Du coup, nous avons le temps de contempler le Mont Blanc sur son versant italien. J’ai l’habitude de le contempler depuis Chamonix et là, cette une vision toute autre, il me semble que la neige descend moins bas e ce côté… Bref, le chemin continue, toujours sur un single où pas mal de coureurs tentent de grignoter quelques places tant bien que mal. Moi, je continue de garder le mode économique, pas d’effort inutile, j’aurai besoin d’énergie plus tard.

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A l’approche de l’arête du Mont Favre après 2h30 de course (11km et 1300m D+), nous pénétrons dans une zone de silence (pour la faune locale j’imagine). C’est là qu’un hélicoptère surgit de nulle part et vient faire des allers-retours au-dessus de nos têtes pour filmer la longue procession de coureurs…. Sur le coup, j’ai trouvé cela plutôt inapproprié mais bon… En tout cas, ce passage nous fait basculer dans la première descente de la course. Là encore, je reste prudent, pas de dépense inutile d’énergie. Alors je pense aller un peu moins vite mais sur le long plat qui borde le lac Combal jusqu’au ravitaillement, je ne m’arrête pas de courir, ce que je n’avais pas pu faire en 2014. A ce premier vrai ravito (15km), j’ai souvenir de m’être alimenté en saucisson et main essentiellement. Cette fois, j’innove en prenant mon premier bol de soupe sur un trail. Je ne sais pas pourquoi, cela ne m’a jamais fait envie jusqu’à ce matin. Je repartirais malgré tout avec un peu de salé pour la route… Je repars tranquille, ayant la sensation d’être mieux que lors de ma première tentative et surtout en sachant qu’il va bientôt falloir grimper un sacré morceau pour atteindre le Col des Chavannes!

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Effectivement, après un petit kilomètre quasi plat, c’est une longue montée en file indienne qui se dessine devant moi. J’ai plutôt de bonnes sensations en côté aujourd’hui. Si évidemment, je n’ai pas la capacité au doubler tous les coureurs de devant, je monte bien, je colle au train de ceux qui me précèdent sans jamais les perdre. Je me permets une petite pause à mi-chemin pour manger quelque chose. Et évidemment, vu la chaleur, depuis le matin, je bois très régulièrement de petites gorgées d’eau ou de boisson isotonique. Et puis à 10h30, nous voilà au sommet, premier passage au-dessus de 2500m d’altitude. La météo claire nous fait profiter d’une splendide vue de part et d’autre du col.

Le retour en France

Je me réhydrate et repars pour la longue, très longue descente vers Arpette. Ce sont 10km d’un chemin large sur une pente relativement douce. J’ai trouvé ce passage tellement long que je m’était pris à marcher régulièrement il y a 2 ans. Ce chemin en balcon au dessus du torrent de Chavannes est heureusement jonché de quelques ruisseaux dans lesquels nous pourrons nous désaltérer car la température commence sérieusement à chauffer et il n’y a là pas un poil d’ombre! Cette année, je cours, tout du long, hormis peut-être les 100 ou 200 derniers mètres à plat. Nous sommes clairement au milieu de rien depuis pas mal de temps et sur Arpettes, il y a une route et donc quelques spectateurs. Ça fait du bien d’avoir quelques encouragements!

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Et puis je sais que maintenant, j’engage une partie vallonnée dans réelle difficulté qui m’avait bien convenue en 2014.  Je continue alors ma route sans crainte. Les sensations sont toujours bonnes, pas de signes de fatigue, pas de douleur, je bois, je mange, tous les voyants sont au vert. Je monte tranquillement et en doublant vers la ferme de Barmettes où il y a un providentiel abreuvoir, puis je longe le lac de Verney et enchaîne avec la belle, courte mais grosse montée pour atteindre le Col du Petit Saint Bernard où nous attend le ravitaillement. J’y arrive à 13h30, soit après 7h30 de course, 36km et 2500m de D+. J’y refais le plein de liquide, je mange à nouveau une soupe et repars après 15 minutes d’arrêt. Ce point signe notre retour en France, nous en avons fini avec la belle partie italienne de la course.

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La suite, c’est ma partie préférée : de la descente! En effet, ce sont près de 14km de descente non stop sur chemins larges, puis singles plus ou moins techniques qui nous conduisent dans la vallée de l’Isère. Je me souviens avoir « bombardé » il y a 2 ans. Cette fois, le maître mot reste la prudence, je ne veux pas prendre de risque. Mais ceci ne m’empêche pas de prendre une bonne allure qui me fait doubler plus de 100 coureurs! J’arrive dans de bonnes conditions sur Séez (après tout de même une petite chute après avoir croisé une racine sur mon chemin…) et poursuit la route plate vers Bourg-Saint-Maurice en courant (ce que je n’avais pas pu faire à nouveau en 2014). J’atteins ce nouveau ravito au pas de course à 15h39, soit environ 20-25′ d’avance sur ma première tentative. Il fait toujours très chaud et je redoute ce qui vient après alors je me pose un bon coup, toujours avec une soupe aux vermicelles. Mais là, les mauvais souvenirs ressurgissent : les aliments solides commencent à avoir du mal à passer… J’irai bien consulter un médecin mais ce ravitaillement est mal fichu, les soins sont à l’extérieur. Alors après avoir cherché rapidement un passage sans le trouver, je décide de partir et nous verrons bien… Après un contrôle du matériel obligatoire, je repars après 30′ de pause. J’ai franchi la barre des 50km et 2500m D+ et j’ai 50 minutes d’avance sur la barrière horaire. C’est peu mais ça passe.

Le début du calvaire

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Nous entamons LA difficulté du parcours : une montée quasi-continue de près de 2000m de dénivelé jusqu’au Passeur de Pralognan. En 2014,  à la vue du Fort du Truc, je me réjouissait d’avoir fait le plus dur avant de me rendre compte qu’il y avait un second fort, celui de la Platte, bien plus loin, bien plus haut! Cette année, je ne me ferai pas avoir alors je monte tranquille sous un soleil de plomb. Malgré ma prudence, je peine tout de même d’autant que les maux de ventre persistent. Après 1h de grimpette, je me dis qu’il faut que j’avale quelque chose, je m’arrête à l’ombre et sort un gel. A peine le produit en bouche, je suis pris d’une furieuse envie de vomir mais rien ne sort… Je reste calme, je ne m’affole pas et je repars. Cet épisode aura un peu calmé mon intestin et je monte au train, sans forcer. Je fais bien 1 ou 2 arrêt dans des coins ombragés pour souffler un peu, je passe le Fort du Truc puis rejoins le Fort de la Platte après 56km et 3720m de D+. Il est 18h55, j’ai repris un peu de marge sur la barrière qui est à 20h. J’ai aussi doublé un peu, ce que je ne pensais pas être capable de faire.

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Au Fort de la Platte, je ne suis pas au mieux de ma forme, comme en 2014… Alors je m’allonge à l’ombre et surtout j’évite de boire l’eau de la source. Je termine la canette de Perrier d’un autre coureur, me disant que le bulles m’aideraient peut-être un peu. Puis je vois un tshirt rouge UTTJ, un participant de cette année. Nous discutons un moment, il est à peine en meilleur état que moi… Et là, re-nausées! Cette fois, je me vide. C’est assez bizarre comme sensation de se dire que vomir va me permettre d’aller mieux! C’est pourtant le cas, les douleurs passent un peu alors j’en profite pour reprendre la route. Je marche lentement mais sûrement, je me fais doubler, je reprends quelques autres coureurs sur cette portion un peu moins raide vers le Col de la Forclaz. Celui-ci atteint, je me m’attarde pas, je continue ma route ayant en tête la seule idée de rejoindre le prochain ravito pour me soigner. Nous passons au bord du magnifique lac Esola avec ses linaigrettes qui ressemblent à du coton, nous descendons par un chemin bien technique vers le torrent de Charbonnet puis c’est la remontée pour le Passeur de Pralognan.

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La nuit tombe, les paysages sont fabuleux, c’st bien là ma seule motivation du moment! Je trouve cette remontée bien longue, trop longue.. mais enfin, un peu avant 21h, j’arrive au sommet. Là, les secouristes nous proposent des bouteilles d’eau. Si la chaleur se fait un peu moins ressentir maintenant, la soif n’est pas partie et j’avale cul sec la petite bouteille de 50cl. Ils me demandent si je vais bien, je pense avoir une drôle de tête de déterré! Je réponds que je me reposerai au Cormet de Roselend et je repars pour ne pas attraper froid.

Il ya 2 ans, j’avais entamé la descente de jour avant d’allumer la frontale. Cette fois, la lampe est vissée sur la tête et allumée. J’embraye la descente bien raide équipée de cordes dans un groupe que je ne quitterai pas jusqu’en bas, à la traversée du ruisseau de la Neuva. Il me reste 3km de plat avant le ravitaillement, je les ferai en marchant. A nouveau, nous commençons à retrouver un peu de civilisation. J’arrive encore à plaisanter avec quelques spectateurs, c’est que ça ne va pas si mal que ça…

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Nouveau départ

Cormet de Roselend, 66km de course, 4485m de dénivelé, 16h15 d’effort. J’ai 1h45 d’avance sur la barrière horaire. En arrivant, je me dirige directement vers la tente des secours en annonçant que je n’ai rien avalé depuis Bourg-Saint-Maurice, soit 6 heures auparavant! Le médecin (qui était une dame) me demande depuis quand je n’ai pas uriné. Je ne me souviens plus. Alors elle me dit qu’elle va me garder un moment, j’ai besoin de repos. Ça tombe plutôt bien, c’était mon intention! Après quelques examens (Tension à 11/6 et glycémie à 1.04), je récupère mon sac coureur et me changer entièrement pour être au sec. Elle me fait avaler un bol de soupe, la seule chose qui passe encore et je m’allonge sur un brancard sous une couverture + couverture de survie. Le voisin a des problèmes similaires mais une tension bien plus basse, son repos risque d’être plus long… En tout cas, il me propose de mettre un réveil  et de me réveiller un peu plus tard, cool !

Je ne pensais franchement pas réussir à dormir dans de pareilles conditions et pourtant, 45 minutes plus tard, le voisin me tapotte le bras en me disant qu’il est 23h. A ce stade, j’ai encore 1h d’avance sur la barrière horaire et surtout, la forme semble être revenue. Bonne nouvelle! En plus, je peux avaler une compote, une soupe, des morceaux de bananes et … j’ai envie de faire pipi !!!  L’expérience de 2014 aura donc été profitable : j’avais purement et simplement décidé d’arrêter ma course ici, la décision était prise depuis des heures avant le ravito, mais après coup, je m’étais dit qu’un peu de repos aurait pu suffire à repartir. C’est apparemment le cas aujourd’hui alors j’en profite, je signale au médecin que je repars et je me lance donc à l’assaut du Col de la Sauce. La montée se fait dans le noir évidemment mais elle n’est pas très compliquée. Surtout, je me sens bien alors j’avance sur un bon rythme.

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A partir de ce moment là, je me retrouve à nouveau en terrain connu. En effet, le parcours modifié suite aux orages de mon relais avec Anne sur l’Ultra Tour du Beaufortain empruntait exactement le même tracé qu’aujourd’hui. La seule différence es que je l’avais couru de jour. Même si dans la nuit, les repères sont un peu différents, je reconnais bien les chemins et obstacles. C’est donc pour moi plus facile d’atteindre sans difficulté le hameau de la Gittaz. Là, à nouveau, je refais le plein en eau dans l’abreuvoir. Mais là aussi, je n’ai aucune sensation de faim, il faudrait pourtant bien mange quelques chose. J’arrive tant bien que mal à ingurgiter une pâte de fruit mais ça sera tout. Il est 1h34, j’ai parcouru 75km et 4860m D+.

Une nuit au radar

Si la descente jusqu’ici était un terrain connu, c’est aussi le cas pour la remontée vers le col de la Gittaz, sauf que celle-ci, je me souviens en avoir bavé. Donc, ce sera à nouveau un départ plutôt lent sur la première partie, j’arrive à accélérer un peu sur une portion moins pentue. Nous rattrapons un chemin carrossable que j’avais trouvé bien long en juillet. Tellement long que cette fois, mes yeux se ferment en marchant. Je me prends plusieurs fois à me « réveiller » en sursaut alors que j’avance toujours, ça devient dangereux, je pourrais tomber sur une pierre sans m’en rendre compte. Ayant pu dormir sur un brancard au milieu de l’agitation d’un ravito, je n’hésite alors pas à me coucher sur le bord du chemin, dans un coin à l’abri du petit vent qui rafraîchit l’atmosphère. Je m’emmitoufle dans mon coupe vent, la tête sur le sac à dos, je programme un minuteur sur le téléphone et c’est parti pour 10′ de sieste. Je garde la frontale allumée de manière à ne pas me faire marcher dessus. A la sonnerie du téléphone, j’ouvre les yeux, me relève et me sens tout de suite mieux. Incroyable! C’est bien la première fois que je dors comme ça, dans ces conditions là! Je remets le sacs sur le dos et part à l’assaut du col que j’atteins rapidement.

Ensuite, je sais que j’ai devant moi une descente un peu technique mais pas très pentue, puis un « coup de cul » pour remonter ver le col de la Fenêtre avant d’emprunter un chemin en balcon du côté de l’Aiguille de Roselette. Déjà, au loin, j’aperçois les lumière du Col du Joly, notre prochaine destination. Car oui, il faut bien se le dire, chaque ravito devient un objectif en soi. La ligne d’arrivée, nous y penserons plus tard, d’autant que pour moi, chaque nouveau pas est un nouveau record de distance, chaque nouvelle montée est un record de dénivelé cumulé!!! Alors c’est sans broncher, presque réveillé, que j’arpente cette partie du tracé et que je rejoins le Col du Joly un peu avant 5h du matin. Là, une « speakeuse » annonce les arrivants, c’est sympa ! Surtout, il y a des gens pour discuter un peu et briser la monotonie. Je bois un bol de soupe, reprends un peu d’eau et repars.

Les dernières difficultés

Je parcours à peu près 100m qu’à nouveau une envie de vomir m’envahit. La soupe ne sera pas restée bien longtemps… Si même ça, ça ne passe plus, je suis mal barré. Je pourrais faire demi-tour et me reposer encore un peu. Mais à ce moment précis, la tête prend le relais sur le reste du corps. Mon envie de terminer cette course devient plus forte que toutes les douleurs ou états nauséeux du moment! Je n’ai plus trop d’idée sur mon avance sur les barrières horaires, je sais que pour rejoindre les Contamines, ça descend presque tout du long, la pente doit pouvoir me porter vers ce nouveau but à atteindre. alors je ne m’arrête pas, je continue. Et puis encore une fois, me vider m’aura soulagé un peu, ça devient moins compliqué.

La descente jusqu’à Notre Dame de la Gorge se passe bien, sans douleur, je double même, notamment sur quelques sentiers un peu techniques. Une fois devant l’église, je rattrape une concurrente. Pensant que le ravito arrivait juste après, je décide de rester un peu avec elle et nous engageons la conversation. Elle est canadienne et vit en France, sur Lyon. Après quelques échanges ou je lui fait notamment la promotion de l’UTTJ, elle me demande d’où je suis. Lorsque je lui répond que je viens du Jura, elle me dit que son copain vient d’Oyonnax! Ils se sont rencontrés sur le ravitaillement d’un ultra-trail !!! En discutant, les kilomètres défilent un peu plus vite, je ne pense plus à mon ventre et nous arrivons tranquillement aux Contamines au petit jour, à 7h20 soit après 25h20 de course, 95km et 5775m D+. Là, je ne cherche même pas à mange quelque chose, même pas de la soupe. Je me dis que de toutes façons, nous ne sommes plus si loin que ça du but, ça devrait aller. Je quitte ma canadienne et repars pour la dernière grosse difficulté de la course : la montée aux Chalets du Truc suivi du Col du Tricot, soit 7km et 1200m de D+!

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La première montée se passe plutôt bien, j’ai mal nulle part, je bois toujours régulièrement, je double un groupe, bien sûr d’autres coureurs me passent… et nous voilà au « Truc« . Je suis pressé d’en finir alors j’enchaîne avec la descente sur Miage, me prenant même à doubler encore! Nous franchissons alors la barre symbolique des 100km de course au pied du col du Tricot. D’en bas, on distingue parfaitement le sentier en lacets qu’ils nous faudra emprunter pour atteindre le sommet. Le panneau indique 2h. Dans l’état de forme du moment, j’ai tendance à croire ces panneaux mais nous ferons tout pour arriver en haut le plus vite possible. La montée est difficile, raide mais nous avançons de manière régulière. C’est finalement juste 1h qu’il nous aura fallu pour pointer au col après 28h d’effort (102km, 6930m D+). Là, je reçois un message de Laetitia qui me demande quand j’arrive, je lui réponds qu’il reste 20km mais en temps normal, 20km, c’est moins de 2h, aujourd’hui, ça sera plus!

Les derniers kilomètres

Je retrouve Suzanne, ma canadienne, au sommet et c’est ensemble que nous entamons la descente sur Bellevue. pas très à l’aise en descente, en tout cas pas autant que moi, je prends les devants. C’est à nouveau assez technique, ce qui me permet de reprendre des places, j’avance bien (en marchant la plupart du temps mais bon…). Je récupère quelques coureurs au franchissement d’un pont suspendu au dessus du torrent de Bionnassay, il nous reste alors une belle petite grimpette avant d’atteindre Bellevue où je pointe un peu après 11h. Nous avons franchi la barre des 7000m de dénivelé, il ne reste presque plus que de la descente.

Tellement fatigué et pressé d’en finir,  je m’enfile dans le sentier qui descend aux Houches, en gardant un rythme correct. les toutes premières douleurs aux genoux se font sentir, heureusement que la fin est proche! Nous arrivons dans la vallée de l’Arve avec des villages et des gens qui y habitent! Que c’est bon de retrouver de l’ambiance au lieu du silence!

J’arrive aux Houches motivé après 30h de course, 110km. Moins de 10km pour rejoindre Chamonix! Je ne cherche même pas à manger quoi que ce soit, de toutes façons, ça ne passera pas. Je continue à boire de petites gorgées de liquide toutes les 2 ou 3 minutes. Je peu maintenant finir les bidons, je n’aurais plus besoin de les remplir!

Je sors des Houches, passe au dessus de la route et proche du barrage sur l’Arve. Me voilà sur le sentier vallonné qui me conduit au graal ! J’y retrouve à nouveau Suzanne et nous poursuivons à 2. Le chemin nous mène au lac Sainclair et enfin, nous pénétrons dans Chamonix.

Chamonix, l’arrivée triomphale

Il y a de plus en plus de monde, de spectateurs qui nous encouragent, nous félicitent. Nous profitons de ces moments même si nous trouvons que c’est encore bien long! Et puis nous arrivons dans l’avenue Ravanel le Rouge, celle où il y a tous les commerces et enseignes de montagne. Il est 13h30 passé, il y a beaucoup de monde dans les rues de Chamonix. Nous recevons les applaudissements qui viennent de toutes parts. Les terrasses des restaurants sont bondées, on nous acclament. Et puis c’est la place Balmat, l’une des plus fréquentée de Chamonix, les barrières sont là pour nous guider et elles retiennent un foule de spectateurs qui crient en nous voyant. J’ai déjà sorti mon drapeau jaune et rouge Made In Jura.

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Là, le copain de Suzanne, également finisher de la TDS, la rejoint, je les laisse prendre quelques mètres d’avance pour profiter de ce grand bonheur. Et puis moi aussi je veux MON arrivée! Dernier virage et dernière ligne droite. Je vois l’arche, elle est à 50m devant. J’ai le drapeau au bout de mes bras tendus en l’air, je regarde à gauche, à droite, je savoure le moment! A quelques mètres de la ligne, j’aperçois Xavier Thevenard en pleine interview, il vient de gagner l’OCC. Je lui propose mon drapeau mais je ne lui aurai pas laissé même s’il l’avait voulu!

Et puis c’est la délivrance : me voilà juste en dessous de cette arche magique, celle qui enlève toutes les douleurs, tous les maux, qui effacent toutes les souffrances qui m’ont accompagnées durant 31h47, pendant 120km et 7200m de D+. Je pose alors mon drapeau à terre et m’allonge dessus. Ludo Collet, le speaker, toujours aussi énergique, s’approche de moi pour me relever pendant que Catherine Poletti mime des mouvements de prosternation. Non, je ne prie pas, je me couche, j’exulte!

Je félicite Suzanne et nous restons là un moment avant que les photographes nous demandent de partir… je pars alors récupérer ma veste de finisher, celle qui m’avait fait défaut il y a 2 ans. Cette fois, je l’ai gagné, elle est à moi!

Retour à la vie

Je suis sur une autre planète : je suis FINISHER DE LA TDS !!! Ce pourquoi je me bats depuis 2 ans, cet objectif, ce défi, ça y est, j’y suis arrivé! Quel immense fierté. Quelques larmes auront du mal à sortir. Si l’émotion est grande, l’état de fatigue empêche tout débordement. Laetitia est dans le timing, elle m’appelle quelques minutes après mon arrivée.

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Non sans mal, et accompagné de la famille d’un coureur, je me « traîne » jusqu’au retrait des sacs coureurs pour récupérer mes affaires puis retour à l’hôtel pour la douche salvatrice! Dans l’après-midi, je reverrai des têtes connues : Julien qui sera sur la CCC, Sam qui était venu avec les enfants pour accompagné quelques coureurs avec des drapeaux jurassiens. Il voulait d’ailleurs me faire la surprise mais le suivi live étant un peu pessimiste sur mon heure d’arrivée, il m’a loupé! Aussi Ivan qui a fini 17° de l’OCC. Je croise Greg (Runner) qui va se lancer sur l’UTMB (qu’il abandonnera malheureusement à cause d’un lumbago) et Aurore qui elle aussi n’a pas pu finir l’OCC, toujours une histoire de barrières horaires, je suis déçu pour elle.

Je profite du temps qu’il me reste à Chamonix pour passer du temps avec tous ces gens, de l’ambiance, pour savourer cette « victoire« . Je profiterai aussi de la piscine de l’hôtel avant un dernier repas avec Stéphane Choulet, finisher de l’OCC et de rentrer à la maison retrouver les miens.

Après tout cela, je n’ai pas envie de faire le moindre bilan. Certaines choses auraient pu être mieux préparées, il faut que je travaille sur mon alimentation, encore et toujours… mais je reprendrai tout cela au calme, une fois l’excitation retombée. Non, là, avec ce récit, c’est juste le moyen de vous faire vivre avec moi cette aventure et pour moi de me remémorer tous les bons et mauvais moments. Je revois chacune des images que je vous ai décrites ici et je pense qu’elles resteront un moment gravées dans mon esprit. Fier, je suis fier de pouvoir vous conter cette course hors norme de cette manière, avec une fin heureuse et c’est tout ce qui m’importe aujourd’hui.

Evidemment, je remercierai ma famille, Laetitia et les enfants, qui ont enduré encore pas mal d’absences pour des entraînements ou des courses, je remercie tous ceux qui m’ont envoyé des messages d’encouragements (même quand ils vont se perdre dans le Mercantour!!!) et merci à tous pour tous les messages de félicitations que j’ai pu recevoir. Pendant 2 jours, mon téléphone affichait des tas de notifications que j’ai eu le plus grand mal à épurer!!

Enfin, je félicite tous les amis finishers du Team Trail Jura et je garde quelques regrets pour ceux qui n’ont pas pu aller au bout de leur défi (Aurore, Greg, Philippe, Jacky, Anthony…), ça n’est que partie remise, j’en suis la preuve…

finisher

Je suis FINISHER de la TDS !!!

Ces 3 lettres ont une toute autre saveur maintenant !!!

 

Cet article a 8 commentaires

  1. Thepinkrunner

    Que dire si ce n’est que je suis complètement scotché par ton récit et par ta performance pour avoir bouclé un parcours aussi difficile avec autant de dénivelé!
    Tu as réalisé ton rêve et un sacré bel exploit en tout cas.
    RDV en 2017 à DOMEYROT pour ta préparation à l’UTMB 😉

    1. lolotrail

      Merci Phil ! Pas d’UTMB en 2017, nous prendrons de vraies vacances en août! Mais qui sait, si on passe par la Creuse…

  2. DUPLAN

    Slt Lolo,
    Tout d’abord un grand bravo pour ton « exploit », un grand merci pour ton récit, j’avais l’impression d’être dans ton sac à dos tellement les détails et anecdotes nous plongent dans la course avec toi. J’avais eu les même problèmes intestinaux que toi l’année dernière sur la CCC mais cela n’avait durer que quelques heures !!! Moi je dis, rien ne vaut les ravitos saucisson-morbier de l’UTTJ 😉
    Encore un grand bravo pour ta performance…..

    1. lolotrail

      Merci Paul! Je suis content par ce récit de réussir à faire vivre mon aventure au lecteur! Pour les ravito, je suis d’accord, rien de meilleur qu’à l’UTTJ !!!

  3. Aurore

    Oh j’avais pas lu ton récit, honte à moi !

    Je me suis vraiment régalée en tout cas, et les photos sont vraiment très belles. L’an prochain l’UTMB ? :p Encore bravo en tout cas, ton objectif de l’année est rempli et tu dois être super content !

    J’ai assez de points maintenant pour faire la CCC ou la TDS mais je vais m’en ternir a l’OCC encore une fois pour l’an prochain et deja essayer de finir la petite ahaha (enfin si je suis prise au tirage au sort car plus de challenge traversée-occ)

    Bisous

    1. lolotrail

      Eh miss, pas de souci! En 2017, pas d’UTMB, il faut recharger les points avant, peut-être pour 2018. Pour cette année, double objectif rempli : un marathon sur route et la TDS !
      Tu as raison, termines déjà ce que tu as commencé surtout que maintenant, tu as pu te prouver que tu pouvais finir des longs parcours sur les Templiers.
      Bises!

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