Depuis que je pratique le Trail Running, j’ai toujours été plein de certitudes : c’est un sport fait pour moi de par la découverte de superbes paysages, de par les rencontres de sportifs avec une mentalité totalement différente des autres sports que j’ai eu l’occasion de pratiquer mais aussi de par l’effort à fournir, la force mentale parfois nécessaire à mettre en œuvre. Mais surtout, chaque fois que je me suis engagé sur une course, j’ai toujours été persuadé que c’était pour la finir, aller au bout, ne jamais rien lâcher (avec ce sentiment de fierté un peu egocentrique je l’avoue en recevant les félicitations des amis qui me traitent de « fou »). Et puis un jour, tout bascule, on se rend vite compte que dans ce sport, les certitudes n’ont pas leur place, en tout cas, pas à mon niveau, qu’il existe des limites qu’on ne peut pas sans cesse repousser. C’est ce que viens de m’apprendre ma 6ème course de l’année, la Transju’Trail, que je n’ai pas pu finir. Récit d’un 1er abandon.
Dimanche 2 juin, je me lève à 6h15. Le soleil pointe son nez, ça faisait un bout de temps qu’on ne l’avait pas vu celui-là ! Et oui, ça fait des semaines qu’il pleut presque tous les jours mais pour la Transju’Trail, la météo devient plus clémente. Je pars donc à 6h45 pour rejoindre Les Rousses, l’arrivée de la course et aussi d’où partent les navettes qui nous emmènent à Morez, départ du 36km. Une fois sur place, je récupère mon dossard et je rencontre tous les copains de courses : des anciens collègues de boulot, les frères Bourgine qui ne se sont pas alignés depuis un petit moment sur un trail, Fabrice de fabcreaphoto, les amis des Lacets du Lizon, … bref, une super ambiance ! On a même la chance de voir passer les 1ers du 70km : Xavier Thevenard suivi de Sange Sherpa que j’ai le temps de saluer juste après son ravito.
Nous entrons dans le sas de départ, je me cale en fin de peloton avec les pensionnaires de mon tout nouveau club, les lacets du lizon. 9h15, ça part et je reste bien en retrait car les 1ers km se font sur du bitume et que je n’ai pas l’intention de me faire mal tout de suite. 1ère côte, 1er bouchon à l’entrée du petit escalier large 1.5m environ pour faire passer 400 ou 500 personnes ! Puis ça continue à grimper mais sur une route plus large et je commence alors à doubler un peu. Certains marchent déjà, ça ne fait pas 1km que nous sommes partis ! Nous entrons enfin dans les bois par un sentier un peu boueux.
Ah oui, avec la météo des dernières semaines, les terrains sont forcément très gras et d’ailleurs, les organisateurs ont vivement recommandé les bâtons. J’avoue que je n’aime pas trop les bâtons : d’abord, je n’en ai jamais pris, je ne suis pas à l’aise et j’ai peur de ne pas savoir quoi en faire lorsque je ne les utilise pas. Ensuite, les porteurs de bâtons ne font souvent pas attention, notamment à ceux de derrière et j’ai bien failli m’en prendre 1 ou 2 dans la tête voire même une fois planté dans le pied ! A ce moment précis, je me dis « ça devrait être interdit les bâtons » !!!
Donc, nous empruntons un sentier étroit qui grimpe et qui glisse. Pas facile de doubler ici alors je suis les autres et je dépasse dès qu’il y a un peu plus de place. Une fois en haut, je relance et même plutôt bien en passant devant ceux que cette 1ère côte a déjà éprouvé. Nous voilà alors dans une belle grosse et grasse descente. Alors que tout le monde prend les côtés du chemin, soit pour ne pas glisser, soit par peur de salir leur nouvelle paire de chaussures flambant neuve, moi je fais le choix de lancer mes SpeedCross que j’ai pris soin de ne surtout pas laver tout droit dans le chemin boueux ! L’option est bonne car je double tout ce qui passe en faisant floc floc dans la boue mais je vais surtout bien plus vite comme ça. Le chemin se redresse sur une belle portion vallonnée sur flanc de falaise et je reste caché derrière le petit groupe qui me précède. On récupère ensuite une route avant de repartir dans un sentier bien raide. Là, je commence à accuser le coup car cette côte est tout de même assez difficile mais pas d’inquiétude pour autant. Nous avons parcouru 6 km.
C’est une fois arrivé en haut de cette côte que mon destin bascule : mon genou droit ne veut plus rien savoir. Une affreuse douleur se réveille me freinant dans toutes mes tentatives de reprise du footing. Je marche donc en me disant que ça va passer. La route se poursuit sur une nouvelle descente et j’arrive à avancer un peu plus vite, l’articulation étant ici moins sollicitée. Mais ce sera de courte durée car après une « pause technique », la douleur est encore plus forte. Je marche donc mais déjà, je suis résigné et je sais qu’il me sera impossible de continuer ainsi sur les 30kms qui me restent.
En chemin, je ramasse Phil (Bourgine, Dôlu #1) qui lui aussi est dans le dur : ça fait 3km qu’il traine une vilaine entorse. Il s’arrête en route et moi je continue, bien décidé à rallier le 1er ravito à Prémanon au Km 13. J’aborde donc ma dernière grosse côte bien reposé et même avec un genou en moins, j’arrive à doubler pas mal de monde, je me prends à rêver en me disant que ça va repartir. Mais ça ne dure pas, la douleur revient encore et toujours. Je finis donc en mode rando jusqu’à Prémanon, me faisant doubler par J-F (Bourgine, Dôlu #2), un ancien collègue, …
J’arrive au ravito, me fais prendre en charge par les organisateurs qui me rapatrieront aux Rousses. Phil était là aussi, dans l’ambulance, il est parti faire des radios à St Claude. Nous sommes bien 4 ou 5 à abandonner à ce moment de la course. Une fois aux Rousses, douche, repas et je reste dans le coin pour voir les vainqueurs des différents formats (Xavier a gagné le 70, Sange est 3ème) et pour féliciter tous les copains qui ont fini leurs courses, eux !
Toutes mes belles certitudes se sont donc envolées ce dimanche, ma limite du jour étant mon corps. C’est une douleur à l’extérieur du genou qui m’a freiné dans mes ardeurs. Je ne suis pas médecin mais j’ai déjà une 20aine de personnes qui m’ont diagnostiqué un problème de ménisque, un syndrome de l’essuie-glace ou que sais-je encore. Je vais consulter, je serai fixé.
Pour la suite des évènements, hormis l’inévitable repos et les éventuels soins dont j’aurai besoin, il va vite falloir que je me remette sur pied pour le Marathon du Mont Blanc dans 1 mois, c’est totalement exclu que je n’y cours pas avec mon pote Riri !
En regardant un peu plus loin, ce 1er échec devra être riche d’enseignements pour moi. Je vais devoir apprendre à me limiter aussi bien dans la pratique que dans mes choix. Je suis déjà inscrits pour le MMB ou la SaintéLyon, je vais y aller mais à l’avenir, peut-être que mon mode de vie ne me permettra pas d’être suffisamment entrainé pour envisager des courses longues tous les mois. Je réfléchis donc déjà à revoir mon calendrier 2014 en ce sens avec peut-être 2 ou 3 gros rendez-vous (plus de 30km) et consacrer le reste du temps à faire du court (15-20km) avec d’autres objectifs. C’est vrai, c’est balèze de dire « moi j’ai fait 80 bornes ce week-end », tous les non-initiés sont impressionnés mais si c’est rien de le dire, ça peut être dangereux parfois de le faire.
En tous cas, s’il y a une chose de sûre aujourd’hui, c’est que mon Marathon du Mont Blanc ne ressemble désormais plus à une simple formalité, il est devenu un vrai défi : serai-je prêt pour le courir ? Pourrais-je le finir ? Je vous rappelle que cette course sera ouverte aux paris et cette fois, ils prendront tous leurs sens…
Note : J’ai vu le doc’ depuis et l’hypothèse du syndrome de la bandelette ilio-tibiale (essuie-glace) semble se confirmer. Mais plutôt que du repos, il m’a demandé de retourner courir pour valider le diagnostic avant d’envisager un acte d’imagerie quelconque. Peut-être que cela pourra me conduire vers la consultation d’un podologue. En tout cas, cette douleur qui a atteint au moins 25% de trailers, se guérit bien, je suis rassuré. Je rédigerai prochainement un petit article de ‘non-spécialiste’ pour expliquer le phénomène.
bon courage pour la suite 😉
des fois notre corps trouve une solution (un peu radicale je l’admet) pour nous dire qu’il est temps de lever un peu le pied 🙂
le MMB va bien se passer j’en suis sûre!
Peut-on vraiment parler d’échec? L’abandon, surtout sur blessure, ne doit pas être vécu comme ça. C’est le destin, la science, ce que tu veux mais je ne pense pas que ce soit un échec! Allez, va courir pour confirmer tout ça!
Merci mesdemoiselles! J’ai couru aujourd’hui sur conseil du doc’ et pas de douleur… Bon, j’ai fait du 9km/h avec 60m de D+, c’était vraiment pour tester mais c’est de bonne augure…
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