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SAINTELYON 2015

J’avais pourtant dit que je n’y reviendrai sans doute pas… Mais voilà, les copains qui s’inscrivent, l’émulation, l’envie de retrouver encore une fois cette ambiance si particulière des raids nocturnes, de se confronter une fois de plus à l’effort… Tout cela a eu raison de moi et je me suis réinscrit! Ce week-end, c’était donc mon dernier défi de l’année, non des moindres : 72km de nuit entre Saint Etienne et Lyon, ça s’appelle la Saintélyon !

Petit Rappel : en 2013, j’ai déjà parcouru la Saintélyon avec mon pote Riri. Pour cette première participation, nous avions bouclé le parcours en 13h, dans le froid, la neige, la glace… Je garde de formidables souvenirs de cette édition partagée avec un ami, une arrivée main dans la main, c’était génial ! Mais voilà, le parcours avec beaucoup de bitume n’est pas parmi ceux que je préfère et de plus, le fait de courir de nuit ne nous permet pas de profiter du paysage. Alors je n’avais pas l’intention de revenir. Mais comme il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis, me revoilà en 2015.

Samedi 05 décembre 2015 :

J‘arrive à Lyon, à la Halle Tony Garnier, nouveau lieu d’arrivée de la Saintélyon, vers 15h15. Première étape : aller récupérer le dossard. Déjà là, c’est une vraie aventure qui commence car pour atteindre le sésame, il faut déjà passer par le village partenaires! Bon, j’avoue, j’ai le temps et je prends plutôt plaisir à aller jeter un coup d’oeil sur les stands des marques, découvrir quelques nouveautés… Je passe devant l’arche de l’arrivée : clic, photo!

Arche

Un peu plus loin, je croise une connaissance : une certaine Nathalie Mauclair! Clic, photo! J’aurai d’ailleurs par la suite un dialogue assez sympa avec elle sur Facebook :

Je l’a recroisé à St E. le soir et on en a bien rigolé avec son mari !

Ensuite, je m’arrête chez WAA Ultra pour taper un brin de causette avec l’ami Cyril Bouvier du Team Trail Jura, un petit tour chez Epson pour qui je teste actuellement la Runsense SF-810, chez Etixx qui m’a envoyé des produits à tester dans le cadre de la PRP organisée avec la Runnosphère, chez Raidlight pour demander quelques explications sur mon nouveau sac, le Olmo 12,…

Enfin, j’arrive au retrait du dossard, le n°5491 ! La dame, une bénévole retraitée, est extrêmement gentille, c’est elle qui me remercie d’être venu participer. Elle me donne mon petit sac avec le matériel de course (dossard, puce électronique, etc…), m’indique où retirer le cadeau. Voilà, c’est fait, je suis prêt à aller faire ma course.

Mais non! Le parcours du combattant continue : le village partenaire se poursuit avec les stands des courses. Là, tous les organisateurs sont au pied d’œuvre à vous tendre des flyers pour leurs épreuves respectives. Certaines donnent très envie mais seront mal placées dans le calendrier. Mais moi, les stands qui m’intéressent ici, ce sont ceux de mes amis Franc-Comtois : Doubs Terre de Trail et le Trail des Reculées / Lac de Vouglans. Là, grosse ambiance : Comté, vin du Jura, saucisson, combat de cloches à vaches!!! Je crois qu’ils ont bien mis le feu à Tony Garnier!

Doubs-TDT

Il est maintenant temps d’aller se rendre sur Saint Etienne pour le départ. J’ai rendez-vous avec les copains Franck, Christophe et Fred pour prendre la navette, non sans avoir croisé au préalable d’autres amis coureurs jurassiens. Nous arrivons assez tôt, vers 19h, au Parc des Expositions de Saint Etienne. Nous prenons nos quartiers dans une des 2 grandes salles et … nous attendons! Nous profitons cette attente pour casser la croûte, se préparer gentiment, nous avons jusqu’à minuit pour cela! Mais à 23h, impatients, nous rejoignons la ligne de départ, ce qui nous vaut d’être assez bien placé, pas trop loin de l’arche de départ (j’avais mis 5 bonnes minutes à la franchir il y a 2 ans, il n’en faudra qu’1 cette année). Ça se remplit petit à petit, nous avons de moins en moins de place autour de nous. A quelques minutes du départ, c’est une incroyable foule qui attend d’être lâché! Après un vibrant hommage aux victimes des attentats et une Marseillaise improvisée par les coureurs, c’est l’allumage des frontales et le décompte.

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Dimanche 06 décembre 2015 :

Minuit, c’est le grand départ de la 62ème Saintélyon! Avec mes collègues de galère, nous nous souhaitons une bonne course et nous partons, d’abord assez groupés. Nous nous promenons donc avec nos milliers de copains dans les artères de Saint Etienne à la lueur des lampadaires et des frontales déjà allumées (moi, pour le moment, j’avance feux éteins, je profite des la lumière des autres). Rapidement, nous nous retrouvons à 2 avec Christophe et je crois que ça va durer un moment ainsi car derrière, nous ne voyons déjà plus Franck et Fred.

A cette heure-ci, les rues stéphanoises sont quasi-désertes mais c’est tout autre chose à l’approche de Sorbier après 7km. Là, une foule de gens autant illuminés que nous nous acclament, quitte à réveiller les voisins presque endormis. Tout de même, à prêt d’1 heure du mat’, rester dehors pour voir passer des fous habillés en cosmonautes en courant et en braillant après eux pour les encourager, faut pas être très sein d’esprit !

Et pourtant, ça nous fait un bien fou! Sorbier, c’est aussi la fin de la partie plate de bitume, la route commence à s’élever et nous entrons alors dans les premiers chemins. Là, moins de foule et le calme revient. Certains causent encore mais beaucoup entrent dans leur bulle et se concentre sur leur course. De notre côté, nous nous retournons de temps en temps et déjà, nous pouvons distinguer cette file ininterrompue de lucioles dans la nuit.

Nous sommes en vue de Saint Christo en Jarrez, le premier ravitaillement au km 15. Pour cette course, j’avais fait un plan : j’ai sur moi un profil avec les distances et horaires que je vais tenter de respecter. Surprise : nous avons mis 1h30, je suis 45 minutes en avance! C’est donc parti très vite! A ce rythme là, ma course se jouera en moins de 9h. D’ailleurs, ça se sent car le ravito n’est pas encore bondé, même presque vide. Du coup, nous ne nous attardons pas, quelques gourmandises attrapées au vol que nous finirons en marchant sur les prochains mètres.

La route se poursuit dans les chemins sur une portion encore ascendante. Le dénivelé de la course se fait essentiellement sur le premier tiers. Évidemment, le rythme diminue un peu mais la forme est toujours présente et nous avançons d’un bon pas. Sauf que rapidement, les premiers signes de crampes commencent à apparaître. C’est un peu tôt à mon goût mais pas encore dérangeant. Je décide toutefois de ralentir encore un peu. Après tout, j’ai de l’avance, ça serait dommage de se faire mal maintenant au point de ne pas pouvoir finir. Christophe part donc devant. Sainte Catherine, le 2ème ravitaillement, n’est plus très loin au 28° km. J’y retrouve d’ailleurs mon compère après 3h de course, j’ai encore 30 minutes d’avance, tout va bien. Je tente de me restaurer, j’ai besoin de sel et j’attrape donc un Tuc. Mais je n’ai pas faim du tout et après ce « festin », plus rien ne passe. Nous prenons quelques minutes pour retrouver un peu de force, nous savons que juste après, il y a 2 belles côtes avant de redescendre presque jusqu’à la fin.

Ca se confirme, les montées suivantes commencent à devenir un calvaire : elles se passent en partie sur bitume et les crampes se raidissent peu à peu. Je commence aussi à avoir quelques nausées. J’entre dans une période de doute et n’ai surtout pas envie de revivre mon abandon de l’UTTJ ! Alors je prends sur moi, tout cela est encore supportable alors j’avance tant bien que mal. Ces côtes sont longues et dures après plus de 30km. Je perds à nouveau Christophe et me dirige seul, dans la douleur, jusqu’à Saint Genoux au km 40 pour le 3ème raivtaillement au bout de 5h de route. Comme je ne mange plus, j’essaie au moins de boire beaucoup. Il faut donc que je remplisse mon bidon. Mais ce ravito est tout petit (comparé aux autres) et c’est une vraie lutte pour atteindre les tables et robinets. Finalement, une fois la gourde pleine, je repars aussitôt, je n’ai pas vu Christophe, il doit être devant.

La partie qui arrive ensuite est plus roulante. Ça tombe bien parce que les descentes me font du bien, les crampes disparaissent. Par contre, les nausées ne me quittent pas et la fatigue commence à faire son effet : à 5h53, je me surprends à bailler pour la 1ère fois! Toutefois, je suis un peu mieux et j’avance un peu plus vite. D’ailleurs, si j’ai perdu beaucoup de places dans les montées de début de course, sur cette portion, j’arrive à maintenir à peu près mon rang. C’est alors au bout de 6h31 que j’arrive à Soucieu en Jarrest pour le 4ème ravitaillement au km 51. Ce qui me passe par la tête à ce moment précis, ce sont les souvenirs d’il y a 2 ans avec Riri car ici, il faisait déjà grand jour alors que cette fois, il faut encore nuit. D’ailleurs, l’ironie du sort voudra que je reçoive précisément ici un texto de mon pote!

Je retrouve Christophe ici, assis sur un banc et il semble exténué. Je ne suis pas beaucoup mieux. Nous avons perdu toute l’avance sur le programme, nous sommes piles à l’heure. Autant dire que ça va être dur de le rester jusqu’à Lyon! Nous profitons de cet arrêt pour changer de tenue, remettre du sec, ça fait du bien! Puis nous repartons tranquillement. A partir de maintenant, la majorité du tracé se fait sur route, il y a moins de sentiers. La moindre portion montante est prétexte à la marche, nous ne courons plus que sur le plat et en descente. Et encore, même les descentes sont difficiles! Je ne mange toujours pas et boit régulièrement. C’est non sans mal que nous atteignons le dernier ravitaillement de Chaponost au km 61 après 8h15 d’effort. Cette fois, c’est officiel, nous sommes en retard! Nous savons qu’il nous reste 1 ou 2 dernières difficultés avant la délivrance alors nous repartons pour tenter d’arriver avant 10h.

Au bout de 2km, c’est la grande surprise : Franck nous a rattrapé! Il a dû bien mieux gérer sa course que nous car il arrive en grande forme, il nous fait même courir dans les côtes, ce que je n’ai plus fait depuis plus de 50km! Ce regain d’énergie nous fait le plus grand bien pour franchir la fameuse montée de l’aqueduc à Sainte Foye les Lyon. Heureusement, mes nausées ne m’embêtent plus, peut-être que je sens que c’est la fin! En tout cas, nous enfilons les derniers kilomètres à 12 km/h! Nous sommes en vue du Musée de Confluences, il nous reste un dernier tour sur les quais pour prendre la passerelle piétonne qui nous ramène vers Tony Garnier.

Franck sort le drapeau Made In Jura, nous sommes 3 pour le porter. Les derniers hectomètres défilent, la foule devient compacte et nous encourage, tout cela devient grisant! Ça y est, nous franchissons la clôture de la halle puis nous entrons par une porte de côté. Dernier virage et c’est l’arche d’arrivée. Franck et Christophe sautent à pieds joints sur la ligne, nous nous embrassons et nous félicitons d’avoir terminé cette aventure ensemble. Une petite tape dans la main de Ludo Collet qui fait le speaker (ici aussi!), un coup d’oeil au chrono : 9h44’57 » ! Le contrat est donc rempli, moins de 10h de course pour ces 72km et 1937m de dénivelé (à ma montre). J’avais prévu 9h16 mais ce temps me convient très bien. Surtout, je suis content d’avoir été presque tout le temps accompagné par les copains!

Drapeau

C‘est donc ici la fin de notre grande et dernière aventure de l’année 2015, la seconde pour moi, la première pour les amis, ils ont de quoi être fiers! Il nous manque Fred que terminera en un peu plus de 12h, il s’est accroché jusqu’au bout, c’est bien. L’après course, ce sont les douches, un peu d’attente, le repas et surtout le retour compliqué en voiture jusqu’à la maison où je me suis endormi dans le canapé comme une masse!

Je l’ai redis cette fois-ci, je ne reviendrai sûrement pas faire cette Saintélyon, mais je ne dis pas « jamais »… peut-être qu’il faudrait que je teste le relai pour voir la course autrement. C’est vrai que juste après la course, je ne suis pas prêt pour repartir. Mais quelques jours plus tard, je suis impatient de recommencer!

livetrail

Et maintenant, place à l’aventure SAINTELYON en vidéo :

Cet article a 5 commentaires

  1. JG Endomorfun

    Et quand on visualise bien ce parcours qu’on a déjà fait et que, malgré le récit des souffrances, on envie celui qui a pu revivre ça, on est sain d’esprit tu crois ?
    Bon ben dans un an, j’y retourne. Merci pour le CR.

    1. lolotrail

      De toutes façons, je crois que pour faire ce qu’on fait, il faut être un peu fou à la base… Je te jure, je me suis dis que je ne reviendrai pas dès la ligne franchie et là, je pense déjà à un éventuel relai…

  2. Daddy

    Merci pour ce récit et bravo pour ta performance. Nous étions très près l’un de l’autre.

    1. lolotrail

      Ah oui, effectivement, à 5′ près ! Bravo à toi aussi.

  3. Aurore

    Bravo pour ton récit, très sympa à lire et bravo pour ta performance ! 🙂
    Cela doit être tellement beau les lumières des frontales dans la nuit

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