Le trail est pour moi un moyen de découvrir des régions où je n’avais encore jamais mis les pieds et des paysages tous plus magnifiques les uns que les autres. Cette règle a encore été vérifiée avec le Trail de Dormillouse ce 13 août dernier. Cela faisait 2 ans que des amis m’en parlaient, cette année, j’ai décidé d’aller voir par moi même !
Anne et Jean-Luc, 2 amis des Lacets du Lizon, m’ont vanté les mérites d’un « petit » trail alpin dans les Alpes de Hautes Provence : belle région, trail avec très peu d’inscrits (21 l’an dernier)… Bref, il a fallu que j’aille découvrir cette course. Je profite donc de mes vacances estivales, après une virée d’une semaine de repos total à la mer en terre catalane (Barcelone), pour organiser quelques jours en famille entre le Nord des Alpes de Hautes Provence et les Ecrins. Nous sommes donc partis le vendredi de notre Jura pour rejoindre Chambéry où nous passerons la nuit en hôtel. C’est la plus mauvaise journée du week-end, nous nous promenons quelques minutes au bord du lac du Bourget à Aix-les-Bains avant que la pluie nous rattrape. Et puis samedi matin, nous reprenons la voiture en direction de la Seyne-les-Alpes : Grenoble, Gap, barrage du lac de Serre-Ponçon… puis nous arrivons en début ‘après-midi dans la maison de famille de nos amis (Verdaches). L’étape commence par une petite promenade de 6km autour de la maison qui nous permet de découvrir les belles montagnes qui nous entourent. Après une chouette Pasta Party, nous nous couchons car il faut se lever le lendemain pour un départ de course à 8h.
Le départ (et l’arrivée!) est donné depuis Saint-Jean-Montclar, une station de sports d’hiver coincée entre l’Ubaye et la Blanche à 1300m d’altitude environ. Il y a effectivement peu de monde au départ mais déjà 42 personnes pré-inscrites sur le 40km (le double de 2016!) et d’autres (comme nous) s’inscrivent encore sur place. Il faut dire que 29€, majoration comprise pour une course de 40km, des ravitos, un tshirt, un repas bien copieux d’après-course, ça n’est pas cher payé. Nous sommes donc une bonne 50aine à nous placer sur la ligne de départ. Je reconnais alors un buff du « Trail des Reculées », j’entame donc la discussion avec le lyonnais qui était venu découvrir le Jura début avril. Vu le nombre de participants, je me dis qu’il y a sans doute moyen de se placer dans le classement, de faire une petite performance, je pars donc motivé. A 8h, la petite troupe, Jean-Luc et moi compris (Anne fera le 24km) partons sous les ordres sur starter au milieu d’un champs…
Le parcours débute par une petite boucle de 5-6km pour étirer le « petit » peloton. Pas de difficulté dans cette première partie, je pars bien, juste derrière le petit groupe des 10 premiers (qui comprend déjà la première féminine), sur une allure un peu haute mais qui à priori ne me pose aucun souci. Nous enchaînons de petites bosses tranquillement mais au bout de 3km, je e rends vite compte que les coureurs de tête et moi ne jouons pas dans la même cour… Je me fais doubler par quelques coureurs et devant, ça s’éloigne assez vite. Mon départ était finalement un peu trop rapide, une nouvelle fois! Et puis plus de 15 jours sans chausser les baskets avant la course, c’est peut-être un peu trop… Comme me le dis Jean-Luc après la course : « La récup’ c’est bien mais il ne faut pas en abuser non plus! » Je confirme… Je laisse donc partir et décide de lever un peu le pied pour continuer la course plus légèrement avec la ferme intention d’en profiter au maximum!
Les difficultés commencent vers le 8° km où les pentes commencent à s’élever un peu. Au début, les chemins se courent encore et rapidement, je passe en mode marche. Là encore, quelques coureurs me doublent. J’ai sorti les bâtons du sac et je les utilise pour me donner un rythme régulier. Au début, le chemin est large et sans difficulté, puis nous le quittons pour une monotrace dans les bois qui monte en lacets sur le flanc de la montagne. Quelques coupes paysagères et autres pierriers me permettent de me retourner pour apprécier la vue sur le lac de Serre-Ponçon sur sa branche de l’Ubaye: Magnifique!
Les coureurs du 24km sont partis 1/2 heure derrière nous et empruntent le même chemin. Les premiers me rattrapent donc dans ce single et je leur fait volontiers la place pour les laisser passer car ils vont bien plus vite que moi ! Ma course est donc entrecoupée entre des phases où j’avance, d’autres où je laisse doubler et celles où je m’arrête prendre quelques photos… Le chemin contourne le massif que nous affronterons par l’arrière, tantôt il monte et tantôt nous suivons plus où moins les courbes de niveau. Il faut donc relancer régulièrement. Après environ 10km, nous avons le droit à un ravito sauvage puisque la trace traverse un champs de framboisier. Il n’y a qu’à tendre les mains pour attraper les fruits!
Puis nous débouchons sur un chemin large pour le premier ravitaillement au 12° km. Je m’arrête et prends le temps de me restaurer : brioche, banane, tuc, un peu de coca, de l’eau. Je fais le plein des flasques que je n’ai pas vidées. D’autres coureurs arrivent, du 40 et du 24km. Puis je repars tranquillement en marchant avec un Nantais venu en vacances dans la région. Il voulait faire le trail Ubaye Salomon la semaine précédente mais il s’est finalement aligné sur ce 24km. Bien lui en a pris à mon sens. Nous discutons un moment dans la montée, je lui vends mon Jura et ses courses, bref, la promo habituelle quoi ! Puis à un moment, il décide de repartir en courant. Moi aussi, mais moins vite! Il faut dire que comme d’habitude, je limite la casse en côte mais me fait souvent doubler et j’attends patiemment les portions descendantes pour rattraper le temps perdu. Le manque d’entrainement se fait malgré tout ressentir, quelques douleurs aux cuisses apparaissent rapidement mais les 8km qui suivent le ravito se passent plutôt bien. Nous sortons des portions boisées pour des endroits plus secs, un peu moins végétalisés. Nous avons passé les 2000m d’altitude, les plantes se font un peu plus rares.
Et puis j’atteins la seconde pause repas (18km et 2h55 de course). Normalement, c’est là que je devrais retrouver la petite famille partie de son côté en mode rando pour venir nous voir sur ce point stratégique où nous passons 2 fois. Mais là, c’est peut-être un peu tôt, il n’y a encore personne. Je me ravitaille donc en discutant un peu avec les bénévoles et les coureurs de tête de course qui eux en sont déjà à leur 2° passage sur ce ravito! Et puis derrière, quelques coureurs arrivent dont Jean-Luc. Il pense que j’ai déjà fait la boucle mais non, j’en suis au même point que lui! Cela nous permettra donc de repartir ensemble pour monter le sommet de Dormillouse à 2500m. Il est plus rapide que moi en côte, j’emboîte sa foulée, c’est une valeur sûre! Nous passons par le Lac Noir puis empruntons un grand chemin large qui serpente vers le sommet mais surtout bien défoncé par les 4×4 ! De gros cailloux roulent sous les chaussures, c’est assez désagréable. J’accroche le pas de Jean-Luc, c’est lui qui me tire un peu à ce moment. Puis je vois que nous nous rapprochons du coureur précédent et surtout, nous bifurquons sur un single plus confortable. La motivation revient et je passe devant pour mener le train, dépasser le coureur et rattraper au sommet le suivant!
Là, il n’y a qu’une chose à faire : profiter de la vue! A l’est comme à l’ouest, le panorama est superbe! Un peu au dessus de nous, il y a des fortifications que nous n’irons pas visiter aujourd’hui. Et puis c’est la descente par la crête. Là, je prends les avant-postes car je suis bien plus à l’aise. Je trouve ce chemin super agréable, la vue y est chouette aussi. Un peu plus loin, je croise des randonneurs et en faisant plus attention à eux qu’à là où je pose mes pieds, inévitablement, je chute! Rien de grave, quelques éraflures mais surtout le déclenchement d’une crampe dans le mollet. Heureusement, elle repart comme elle est venue et je repars de plus belle! Dans la descente, je croise la maman et le frère d’Anne, je m’arrête discuter quelques secondes avant de poursuivre la route jusqu’au ravitaillement où m’attend le reste de la famille. Laetitia guette mon arrivée avec l’appareil photo, les enfants, Lenny compris, nous encouragent avec le drapeau Made In Jura. L’ambiance est bonne ici. Pour ma part, j’atteins ce 25° km en un peu plus de 4h mais dans de bonnes conditions. Il faut dire que j’apprécie vraiment le tracé, je profite de chaque instant et en plus, retrouver la famille sur le parcours redonne le sourire! Jean-Luc me talonne de près et c’est ensemble à nouveau que nous repartirons vers la suite de l’aventure.
Cela passe par le col bas, puis la traversée un petit bois qui se termine dans un champs avec un chemin « Dré dans le Pentu » ! Il n’est pas long mais ça chauffe un peu les cuisses tout de même! Nous nous retrouvons alors sur la crête en direction du pic de Bernardez. Là encore, les panoramas qui nous sont offerts sont splendides, j’en prends plein les yeux! Pour atteindre le sommet, je suis à nouveau Jean-Luc pour emprunter un single dans les caillasses qui grimpe au sommet à environ 2430m. C’est tranquillement mais sûrement que nous atteignons le haut où, sans doute pour fêter notre arrivée, un planeur nous passe à quelques mètres au dessus de nos têtes! Là-haut, petite séance photos avant de décoller sur le chemin de crête plutôt descendant jonché des gros blocs de pierre.
C’est plutôt technique, il faut bien regarder où on pose les pieds pour ne pas risquer de glisser et se faire mal. Puis rapidement, nous atteignons le col qui nous fera basculer sur le flanc ouest de la montagne sur un chemin en balcon. Le sentier est très étroit, un peu en dévers. Pas question de doubler à cet endroit, le moindre faux pas pourrait entraîner la chute qui nous permettrait alors de glisser sur les cailloux quelques mètres plus bas… Je reste derrière Jean-Luc jusqu’à un endroit plus large où nous doublons un coureur arrêté. Jean-Luc fait lui aussi une pause alors je file tout droit. Mais je trouve ce chemin long et je suis content de retrouver enfin un vrai chemin quelques km plus loin. J’ai d’ailleurs dû m’endormir un peu car Jean-Luc m’a rattrapé. Nous filons alors vers le prochain ravito après 33km et 5h43 de course.
S’en suit une longue portion montante où je pèche un peu. Nous marchons mais Jean-Luc imprime un rythme que j’ai un peu de mal à suivre. Heureusement pour moi, un autre coureur nous rejoint et entame la discussion avec mon acolyte, ce qui me permet de me concentrer sur mon allure et replanter les bâtons en rythme. L’histoire dure près de 2km avant que la pente s’inverse enfin. Maintenant, je sais qu’il ne reste que de la descente jusqu’à l’arrivée et je décide donc de repartir devant. C’est ainsi que durant un peu plus de 5km, nous allons emprunter une piste de descente en VTT complètement aménagée avec des bosses, des virages en boucles bien tracés, qui va nous faire perdre 700m de dénivelé. C’est chouette mais pour en profiter, je manque clairement de fraîcheur! Alors je descends un peu moins vite que d’habitude mais en me faisant un point d’honneur à ne pas m’arrêter. Rapidement, je distance Jean-Luc, moins à l’aise en descente. et puis sur la fin, mon allure me permet même de dépasser un autre concurrent.
Je sors enfin des bois pour atteindre l’aire d’arrivée. Je m’arrête pour demander à des spectateurs de sortir le drapeau Made In Jura du sac et repart, Anne est là, aussi avec un drapeau! Je termine mon périple de 41km et 2123m de D+ en 6h38. C’est un peu plus que ce que j’avais imaginé avant la course mais ça me convient très bien ainsi vu l’entrainement. J’ai surtout bien profité des la course et même si les cuisses tirent fort après ces 5km de descente et malgré une chute en haut sur la crête, j’arrive en bon état de santé, c’est bien le principal ! Jean-Luc me rejoint 8 minutes plus tard. Il est temps pour nous de profiter de la bière et du repas!
Après la remise des prix, nous rentrons donc chez Anne pour terminer le week-end car le lendemain, nous repartons en direction des Ecrins, mais cette étape vaudra bien un nouvel article dédié! En attendant, je ne peux que vous conseillez, si vous en avez l’occasion durant vos vacances, d’aller faire un tour dans cette région et de participer à ce Trail de Dormillouse : peu de monde, l’ambiance est sympa et surtout, les paysages à découvrir y sont magnifiques. Je ne regrette vraiment pas, nous en avons pris plein les mirettes !
Le reste des photos :