Transju’Trail 2014

Parfois, nos amis, nos familles nous traitent de « fous » lorsque nous annonçons que nous prenons le départ d’une longue course, qui plus est avec du dénivelé, que nous partons pour plusieurs heures d’effort et qu’en plus, ça nous plaît. A cette réaction, votre réponse ressemble souvent à « meeuh noon.. c’est pas grand-chose… regarde, l’autre, il a fait bien pire ! ». Mais moi je pense que parfois, ils ont raison de nous considérer ainsi, surtout après avoir franchi la ligne de mes 72km de la Transju’Trail…. Récit d’une longue journée :

Dimanche 01 juin – 2h30 : Mon réveil sonne. Se lever à 2h30, en pleine nuit ? en plus un dimanche ? Mais oui, il faut être fou ! Et pourtant, même si c’est un peu sec, je ne peine pas vraiment à me lever, je sais pourquoi je le fais ! Bref, je m’habille, bois un petit café, mange un pain au chocolat. Mes affaires étaient prêtes de la veille, la voiture est restée dehors pour éviter de réveiller tout le monde avec la porte de garage… Optimisation maximale pour un départ dans le coaltar !

2h58 : Je démarre la voiture en direction des Rousses. Alors oui, pour ceux qui connaissent un peu l’épreuve, le départ est à Mouthe et l’arrivée aux Rousses. Donc moi je vais à l’arrivée tout simplement parce qu’il y a un service de navettes pour nous acheminer au départ et pouvoir ainsi disposer de la voiture sur place une fois la course finie. Vous vous en doutez, pas grand monde sur les routes mis à part quelques sorties de boîte de nuit ! J’ai en fait plus peur de croiser une bête en montant les lacets de Septmoncel qu’autre chose ! J’arrive aux Rousses, il est 3h35.

3h45 : Voiture garée à proximité de l’aire d’arrivée de la course, je monte dans l’un des bus qui nous conduit à Mouthe. Je prends place, côté fenêtre mais comme de toutes façons il fait nuit, on ne verra pas le paysage ! Un type s’installe à côté de moi. Au bout d’un petit moment, les langues se délient, la discussion s’installe. Sauf que le type me dit « Pour moi qui vient des Alpes, ici, c’est la plaine ! ». Bon, là, j’ai juste envie de lui répondre « trou du c… » mais je reste correct et lui conseille tout de même de se méfier un peu des « collines » qu’il devra gravir (J’espère qu’il en a bavé ce con !). Bref, la discussion ne dure pas trop longtemps, je préfère fermer un peu les yeux jusque dans le Doubs et la fin du voyage à 4h45.

4h50 : ça y est, j’ai récupéré mon dossard 158 et entre dans le gymnase. Là, un gars me tape sur la tête ! C’est Lucas (Humbert) qui est aussi là au départ. On papote, on se prépare, on va se chercher un petit café et on se dirige vers l’aire de départ. Je crois quelques têtes connues (Carole, Xavier,…), nous sommes juste sous l’arche départ et en regardant autour de moi, je me rends ompte que je me retrouve entouré du futur podium de la course !

5h30 : PAN ! Un coup de fusil donne le départ, les « fous » sont lâchés pour 72km. Bon, comme je suis tout devant, rapidement je me mets sur le côté pour ne pas gêner les furieux. J’adopte alors un rythme calme car je sais que ce sera long. Le début de parcours n’est pas très compliqué, des chemins larges, un peu boueux, quelques petites côtes, tout va bien.

6h15 : Voilà la première « curiosité » de la course mais aussi la première difficulté : le tremplin de Chaux-Neuve. Il s’agit là de remonter l’escalier sur le bord de l’aire d’atterrissage du tremplin de saut à ski, soit près de 100m de dénivelé. C’est assez impressionnant ! Je suis à ce moment là pointé en 97ème place, nous avons parcouru 6km. Le chemin se poursuit par une partie vallonnée plutôt descendante et assez roulante pour le coup.

7h20 : J’atteins le premier ravitaillement du chalet des anges, juste à côté de Chapelle des Bois. Là, je me restaure, je prends mon temps, si bien que pas mal de monde me passe devant et je suis alors 123ème après 17km. En plus, je sais que juste derrière, il y a la 2nde difficulté de cette première moitié de course : la montée du Mont Champion. Le fait est que nous nous retrouvons sur un chemin bien pentu au pied d’une falaise dont nous devons atteindre le sommet. Par contre, une fois au dessus, la vue y est imprenable ! Ma route continue, ça devient déjà un peu raide mais la moral est bon.

8h50 : J’arrive à Bellefontaine pour un petit ravitaillement. Là, surprise : je retrouve un ancien collègue que je n’ai pas revu depuis 4 ans (Patrice). Du coup on papote un peu. Je vois aussi me rattraper puis me doubler Stéphane du TTJ. Je repars un peu derrière lui sur une partie vallonnée où je décide de m’économiser : je marche les bosses et je cours le reste. On arrive alors sur un magnifique point de vue du Morez, juste avant la descente à Morbier où nous attend un petit ravitaillement. Je ne m’arrête pas trop longtemps car je préfère prendre mon temps à Morez qui est juste derrière une grande descente.

10h00 : La mi-course à Morez. Ici, je fais une vraie pause : je m’assieds, je mange, je remplis la poche à eau… Nous avons parcouru 35km et 1266m de dénivelé depuis le départ de Mouthe, je suis 146ème . Là, je ne fais aucun calcul sur mon temps final car je sais que les vraies difficultés vont commencer. Surtout, tout de suite après Morez, ça grimpe direct vers la Roche fendue ! A ce moment de la course, j’ai un coup de moins bien. Il faut dire que quelques kms plus loin, c’est là que j’ai dû m’arrêter de courir l’an passé à cause de mon genou. Ce fut mon seul abandon de course alors je gamberge pas mal. Heureusement, ça se passe mieux cette année et une fois l’endroit fatidique dépassé, je reprends du poil de la bête et je cours à nouveau. Il ne me reste qu’un seule côte avant Prémanon, là où j’ai pris mon ticket de retour en 2013.

12h25 : Le ravitaillement de Prémanon est là après 47km et je suis 141ème, comme quoi ça va un peu mieux, j’ai repris 5 places. Encore une bonne petite pause, remplissage de la poche avant de repartir. A partir de là, je retrouve des chemins que je connais mieux car nous empruntons les pistes de ski de fond de la Sambine puis de la Darbella que j’emprunte parfois l’hiver avant de prendre cette les pistes de ski alpin de la Darbella et des Jouvencelles. C’est l’ascension des Tuffes. La marche prend le pas sur la course car mine de rien, remonter des pistes de ski alpin, c’est moins facile que de les descendre ! A ce moment, je dois dire que je suis un peu à la peine… Au sommet des Tuffes, nous basculons côté suisse dans la descente que j’arrive à courir mais sans grande motivation.

13h45 : Me voilà aux Dappes pour un nouveau ravitaillement. Je retrouve quelques coureurs déjà croisés sur des ravitos précédents. J’ai encore repris 4 places, je suis 137ème au 55ème km. Mais surtout, nous commençons à avoir la grosse boule de la Dôle en vue. C’est LE point culminant de la course mais aussi LA grosse difficulté. Et pourtant, plus ça va et mieux ça va ! Je finis par trouver un bon rythme avec mes bâtons qui me font bien avancer sans trop puiser dans les réserves. A mi-côte, je croise « Super Jura », les copains des 7 monts !

14h26 : J’arrive au sommet de la Dôle. Nous venons depuis le bas de parcourir 2.6km et 449m de dénivelé ! Depuis le départ, ça fait 58km et 2939m D+ et je pointe à la 131ème place. Je profite un instant de la vue sur le lac Léman et les Alpes, je remets un coupe-vent car il fait frais là-haut. Puis nous basculons de l’autre côté pour un petit tour vers le chalet de la Dôle avant de remonter au Col de Porte. Puis c’est à nouveau une descente vers Cuvaloup avec un nouveau petit ravitaillement. Là, j’ai du mal à repartir, je marche un moment bien que ce soit presque plat. Petit à petit, je reprends des forces et me remets à courir. Après le Balancier, c’est une descente régulière qui nous promène vers le tout nouveau stade de biathlon et les tremplins des Tuffes, puis le Bief de la Chaille et la Grenotte. Il ne nous reste plus qu’à remonter vers le Fort des Rousses. Au pied des remparts, nous empruntons un escalier étroit pour les traverser. Nous nous retrouvons dans la cour du Fort et puis enfin, nous arrivons vers l’Omnibus. Juste avant le fort, j’avais appelé mes parents pour savoir s’ils étaient là. Ma fille me retrouve à la sortie du fort, je lui laisse mes bâtons, je passe devant ma mère assise sur un cailloux. C’est au tour de mon père et de Laeti d’immortaliser ces derniers mètres. Je prends mon fils par la main et nous les courons ensemble pour franchir la ligne d’arrivée.

16h26 : J’en ai fini avec ces 72km et 3242m de dénivelé, je suis 132ème . Ca fait 10h56 que je suis parti de Mouthe ! Je suis rincé mais heureux ! Content d’être au bout, content de voir que mes entrainements, si peu construits qu’ils soient ont payé, content de partager ce moment avec ma famille.

La suite, c’est la très difficile épopée pour atteindre le dernier ravitaillement, puis la douche. Ce sont 2 jours avec des jambes de bois, une épaule brûlée par les frottements avec le sac. Mais à part cela, pas de bobos, pas de douleur particulière autre que la simple fatigue.

J’ai vraiment passé près de 11h super, j’ai pu profité encore une fois de magnifiques paysages jurassiens, j’ai pu rencontrer des gens très sympas et souriants, que ce soit les coureurs qui m’entouraient, les bénévoles très serviables ou les supporters aussi courageux que nous pour attendre des heures pour nous voir passer quelques secondes devant eux.

Pour résumer, une première partie de course relativement roulante dans laquelle il faut rester vigilant à garder un maximum de force. On m’avait prévenu, la vraie course commence à Morez, et c’est vrai. Hormis 2 belles côtes, le reste est roulant. Ensuite, il faut pouvoir enchainer grandes cotes suivies de grandes descentes (Roche fendue, Les Tuffes, la Dôle…) et ça, c’est usant, parfois pour le moral mais souvent pour les muscles. Au final, ma prudence du début a finalement payé puisqu’entre Morez et les Rousses, j’ai repris 14 places. J’aurais pu être plus régulier je pense mais pour un premier vrai ultra (je ne compte pas la SaintéLyon qui pour moi est plus faite pour les « rouleurs » que les « grimpeurs »), je suis extrêmement satisfait.

Ma prochaine étape sera maintenant l’UTTJ avec ses 2 fois 55km sur 2 jours et 6500m de dénivelé en cumul. Ce sera encore autre chose mais après la Transju, je suis plutôt confiant et j’ai ha^te de retrouver les copains pour une belle course.

Cet article a 5 commentaires

  1. Aurore

    Bravo ! Un joli temps, une jolie place et comme tu dis l’entrainement paye. La TDS approche à grand pas mais tu vas être prêt pour 🙂

    1. lolotrail

      Merci Aurore! J’ai encore une belle et grande course avant de penser à ma TDS. A partir de mi-juillet, je crois que je n’aurai plus que ça en tête! Toi aussi tu seras prête pour l’OCC, j’en suis sûre, mais d’ici là, repère bien les sentiers de la vallée de Cham’ sur ton Cross du Mont Blanc!

  2. Ahhh voilà j’ai enfin eu le temps de lire ton récit 🙂 Et bien encore un grand BRAVO grand « fou » pour avoir réussi à courir autant de km en un joli chrono en plus ! Je suis jalouse… Aller l’année prochaine, tu as dit que tu faisais une des courses avec moi, pourquoi pas le 36km 🙂 Biz

    1. lolotrail

      Ne sois pas jalouse, il y a un temps pour tout ! Le rendez-vous est pris pour le 36km de la Transju’Trail 2015 !

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